PARMI LES HOOLIGANS

Bill Bufford

10.18. 359 pages

Jean-Marie Collomb :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Histoire :

L'idée d'écrire ce récit vient d'une situation que l'auteur, journaliste et universitaire américain, a vécu lors d'un voyage en Angleterre. Alors qu'il attend un train dans la gare de Cardiff, au pays de Galles, un convoi transportant des fans de Liverpool traverse la gare. Pendant quelques instants, Bufford voit le spectacle hallucinant d'une horde hurlante, dévastant les compartiments, pissant par les fenêtres. Intrigué, il décide de s'intéresser à la vie des stades anglais. Nous sommes au milieu des années 80, les drames du Heysel et de Hillsborough ne sont pas loin et l'apogée du hooliganisme se situe à cette période. Bufford découvre, complètement abasourdi, le monde des terraces (tribunes debout), sa foule vociférante. Il se prend finalement au jeu et intègre les groupes de supporters de différentes équipes des plus prestigieuses (Manchester United) aux plus confidentielles (Oxford City). Suivant les fans de Manchester à travers l'Europe, il découvre l'organisation des hooligans, les conditions hallucinantes de ces voyages , les bagarres monstres dans les stades étrangers et britanniques mais aussi que les hooligans ne sont pas que des paumés et que beaucoup sont pères de familles, ouvriers, cadres qui se laissent porter par la foule dans l'ivresse des stades. Il rencontre tour à tour des meneurs très bien organisés, dont la passion pour le football est un lointain souvenir mais aussi la masse des supporters, dont certaines figures sont sympathiques. C'est aussi l'occasion de voir une récupération certaine des foules par le British national Party, l'équivalent de notre FN.

Avis :
Jean-Marie Collomb : L'intérêt principal de ce bouquin réside dans la restitution d'un climat social (l'Angleterre des années 80). King passe constamment de l'évocation des bastons autour des stades à la description de la situation sociale qu'il perçoit. Là, on voit que Tchacher a vraiment fait mal au peuple anglais. Dans la foulée du démembrement de l'emploi, la jeunesse anglaise a radicalisé ce qui relève de sa culture: on voit bien les raisons de l'essor de la musique punk et du hooliganisme comme espaces de liberté, en réaction à la rigidité d'un pouvoir impitoyable. Contrairement à ma critique de "parmi les hooligans", je ne conseillerais pas la lecture de ce livre aux gens qui ne connaissent pas la vie des tribunes en général et en Angleterre en particulier. Le récit des scènes de bagarre (et de cul) sont particulièrement crues et dégueulasses.